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lundi 12 novembre 2007

Le discours de Fulton

Le 5 mars 1946, Winston Churchill, alors dans l'Opposition, prononce un discours à Fulton (USA) dans lequel il intime aux démocraties occidentales de réagir face au rideau de fer que l'URSS a posé en travers de l'Europe et derrière laquelle elle se construit une sphère d'influence. Il rejette la politique d'apaisement, réclamant l'ouverture de négociations, appelant à l'alliance des Américains et Britanniques autour de leurs principes de droits de l'homme et de démocratie pour prévenir la guerre et la tyrannie. Résumé de ce discours :


Les Etats-Unis sont à l’apogée de leur pouvoir. Il faut saisir l’opportunité, adopter une stratégie globale pour la cause de la sécurité, du bien-être, de la liberté et du progrès, de « tous les foyers et familles des hommes et des femmes de ces terres ». Pour donner sécurité aux foyers, il faut les défendre contre la guerre et la tyrannie, notre tâche suprême est de les garder contre les horreurs et misères d’une nouvelle guerre.


Guerre/ (note : Churchill fait remarquer que les USA n’ont pas coopéré avec la GB dans l’entre-deux guerres) Il faut s’assurer de l’efficacité de l’ONU avant de songer aux désarmements. Elle devrait être dotée d’une force armée internationale. Le secret de la bombe atomique ne devrait pas être partagé avec l’ONU car trop jeune. Il ne faut pas non plus renoncer à la bombe atomique, le monde ne souffre pas de la détention par les Etats-Unis du savoir, des méthodes et des matières premières nécessaires à la bombe atomique. Si des pays communiste ou néofasciste avaient monopolisé cette technologie, ils auraient pu imposer un système totalitaire sur le monde libre et démocratique. Une large force de dissuasion doit prévenir ces pays de l’emploi de la bombe. A terme la bombe devrait être confiée à une organisation mondiale fraternelle et solide.

Tyrannie/ Les Etats-Unis et l’empire britannique ne doivent cesser de proclamer les grands principes de liberté et de droits de l’homme contre les Etats qui bafouent la démocratie et exercent un pouvoir sans contrainte à travers un parti privilégié ou une police politique. Tout pays doit pouvoir tenir des élections démocratiques et disposer d’une justice indépendante.

Une autre préoccupation existe : la misère. Si les dangers de guerre et tyrannie sont écartés, la science et la coopération conduiront au bien-être matériel.

Il faut une relation spéciale entre Britanniques et Américains : amitié mais aussi large coopération militaire incluant une appréciation commune des dangers, la similarité des armes, des échanges d’officiers. Les Etats-Unis devraient étendre la protection qu’ils offrent au Canada à tout le Commonwealth. De telles relations, dénuées d’intention agressive, ne nuisent pas aux Nations Unies, elles lui sont bénéfiques et sont indispensables. Américains et Britanniques doivent s’allier pour construire la paix et prévenir une nouvelle guerre encore plus rigoureuse.

Une ombre : personne ne connaît les intentions de la Russie soviétique et son organisation internationale communiste, et les limites, si elles existent, à ses tendances expansionnistes et prosélytes. Les Alliés comprennent les préoccupations russes à empêcher une nouvelle agression allemande et reconnaissent la place de la Russie parmi les nations. (note : Churchill cajole un moment les Russes)

Un rideau de fer est descendu sur l’Europe, derrière lequel se trouvent les capitales des anciens Etats d’Europe centrale et orientale. Ces villes se trouvent aujourd’hui dans ce qu’il faut appeler une sphère soviétique, sujettes du contrôle très fort et parfois croissant de Moscou. Les partis communistes d’Europe de l’est ont été élevés au pouvoir bien au-delà de ce que leur faible soutien populaire leur permettait. Des gouvernements policiers ont prévalu dans la plupart des cas. Seule la Tchécoslovaquie est une vraie démocratie.

(ndlr : Churchill oppose les conduites des soviétiques et des occidentaux) Turquie et Perse s’inquiètent des pressions exercées sur elles par le gouvernement de Moscou. Les Russes tentent de construire un gouvernement orienté communiste en Allemagne de l’est. En juin 1945, les armées américaines et britanniques s’étaient repliées hors du territoire conquis en Allemagne de l’est conformément aux accords (ndlr : mais contre l'avis de Churchill qui réprouvait cette concession sans contrepartie).

La construction d’une Allemagne communiste dans les zones occupées par les Soviétiques donnerait malheureusement aux Allemands la possibilité d'offrir leur soutien au plus offrant entre Soviétiques et démocraties occidentales. La sécurité de l’Europe repose sur une nouvelle Europe unie, de laquelle aucune nation ne devrait être exclue (ndlr : cad l’Allemagne). De par le monde, les cinquièmes colonnes communistes travaillent servilement sous les ordres du centre du communisme. A part dans le Commonwealth et aux Etats-Unis dans lesquels le communisme est encore en enfance, les partis communistes mettent en péril la civilisation chrétienne. Nous devons réaliser cette sombre réalité avant qu’il ne soit trop tard. La situation est également préoccupante en extrême-orient.

A l’époque du traité de Versailles chacun plaçait de grands espoirs selon lesquels les guerres étaient finies et la Société des Nations allait devenir toute puissante. Une telle confiance a disparu mais il ne faut pas croire la guerre inévitable ni imminente. Nos fortunes sont encore dans nos mains, nous avons le pouvoir de sauver le futur. Ce que veut la Russie n’est pas la guerre mais les fruits de celle-ci et la poursuite sans fin de l’expansionnisme de son pouvoir et ses doctrines. Pendant qu’il est encore temps, il faut prévenir de façon permanente la guerre et établir les conditions de la démocratie et de la liberté aussi vite que possibles dans tous les pays. Une politique d’apaisement ou fermer les yeux ne fera pas disparaître difficultés et dangers. Il faut un accord (settlement) sans délai.

Les Russes méprisent la faiblesse, particulièrement militaire. Si les démocraties occidentales restent unies autour de leur principes, personne ne leur fera du mal. La guerre contre l’Allemagne aurait pu être prévenue si seulement des actions avaient été entreprises en temps utile. Cette inaction ne doit pas se reproduire.

Si Britanniques et Américains s’allient, adhérant avec foi à la Charte des Nations Unies et se conduisant de façon désintéressée, il n’y aura pas une balance précaire des puissances, qui offre la tentation de l’aventure, il y aura une assurance extraordinaire de sécurité. Le chemin du futur sera libre, non seulement pour notre temps, mais pour un siècle.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Super ! Ca m'a bien éclairée! =)