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mercredi 4 juillet 2007

Rickshaw devant !


Je suis arrivé à Delhi vendredi. Ancien pays tiermondiste et donc pauvre, aujourd’hui capitaliste et donc en plein boom économique. L’expérience la plus marquante, et quotidienne, est la conduite en rickshaw, sorte de petit taxi bas-de-gamme à trois roues et moteur vrombissant.

Ces petits engins se glissent à toute allure dans une circulation infernale autant qu’encombrée. Le visiteur étranger constatera immédiatement qu’en Inde le feu rouge n’est qu’indicatif. Quand bien même l’artère que la route traverse est manifestement impossible à franchir, s’expose au ridicule le chauffeur qui s’arrête au feu et non au niveau du trafic, il se fait dépasser par autant de véhicules qu’il laisse de place devant lui, et c’est plus que ce qu’on peut imaginer.

Le sens de circulation n’est lui aussi qu’indicatif. Il faut des barrières de pierre et de fer pour empêcher les Indiens de circuler du mauvais côté pour gagner un peu de temps. Il est fréquent que vous voyez arriver des voitures en sens inverse occupant toute la largeur de la voie avant de se rabattre en catastrophe dans un concert de klaxon, concert permanent, le klaxon ayant ici pour fonction de se positionner par rapport aux autres conducteurs et à intimider ceux qu’on veut dépasser.

Les lignes séparant les voies semblent ne pas exister. Les « routes » sont défoncées, avalées sur les côtés par les commerces qui s’étendent sur des kilomètres, rétrécies encore par des travaux ou des trous trop gros.

Pour parfaire le tableau, il faut indiquer la variété de la faune : rickshaws, petites voitures à l’occidentale, grosses voitures, camions bennes, autobus, taxis, vélos, rickshaws à vélo, chevaux, piétons, motos, machins... Le tout est un peu cabossé encore que je n’ai pas vu d’accident.

Aucun policier, ou si peu.

Quelles leçons en tirer ? D’un côté se vérifie à chaque instant l’ordonnancement spontané des rapports sociaux décrit par Hayek, la création sans autorité de règles de conduite efficaces. Frappera l’étranger le spectacle démentiel du balet des usagers de la route, à fond les klaxons, qui se rencontrent sans se heurter, se cédant la place au dernier moment.

De l’autre se vérifie l’utilité d’un Etat ou d’une entité équivalente qui fait ici défaut. Car si un Indien peut gagner quelques secondes aux dépens de tout le monde, il n’hésite pas ! Sans doute une meilleure discipline permettrait-elle un gain par tous de temps mais personne n’est là pour garantir une telle discipline. On peut cependant raisonnablement douter qu’existe en Inde un Etat susceptible d’opérer une saine régulation sans céder à l’envie de tout planifier et assurer des rentes à ses clientèles, l’Etat indien a largement démontré sa malfaisance dans de nombreux domaines – ce qui sera exposé ultérieurement.

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